OtGOs INFINITE
Maryna Magnin.
Savoie, France – Novembre 2022
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The text in German --
Où commence la toile INFINITE de l’artiste OtGO et où
finit-elle ? Impossible de le dire. Nos yeux plongent dans cette œuvre
monumentale, sans fond ni frontière, pour s’y abreuver et découvrir
ses moindres recoins. Chaque couleur, chaque détail nous happe et nous
attire dans le monde mystique de l’artiste. Il est dit que tout œuvre
reflète une partie de l’âme de son créateur. À la façon d’une
douce et lointaine musique qui se fraye un chemin parmi les dédales de
notre mémoire, nous pouvons ressentir une émotion depuis longtemps
oubliée. Dans chacune de ses œuvres, OtGO nous ouvre les portes de son
monde. Un monde vivant et coloré, toujours rempli d’êtres étonnants
racontant à leur façon, leur histoire. Alors osons, comme Alice,
entrer dans le monde fantastique qui s’ouvre devant nous.
L’énorme tableau de 6 mètres de long est plein à craquer. Il est si
rempli que l’on peut vite avoir l’impression que les personnages, pris
à l’intérieur, vont déborder hors du cadre et tomber par terre.
Comme dans la plupart des œuvres d’OtGO, aucun espace vide n’est
laissé. Nous devons donc faire preuve de clémence envers nos yeux qui
cherchent désespérément un endroit où se poser pour commencer la
quête.
Les différentes couleurs se mélangent aux différentes formes pour
créer un ensemble harmonieux. Les êtres humains côtoient les
végétaux et les animaux, créant ainsi une parfaite osmose. Leur
fusion est si grande que les bras de certains êtres se transforment en
ailes leur permettant ainsi de tourbillonner aux côtés des oiseaux,
à l’unisson. D’autres encore suivent le vol des cygnes et, légers
comme des moineaux, s’envolent librement. De loin, cet envol ressemble
à la danse paisible et envoûtante du vent. Ni la peur ni la tension
ne viennent jeter une ombre à cette atmosphère idyllique. Les femmes
dansent près des animaux, les enfants jouent et grimpent sur le dos
des lions et des zèbres. L’attitude des uns et des autres est
paisible. Carnivores ou herbivores, petits ou grands, les animaux se
promènent tous ensemble. Nous retrouvons ainsi des primates, des
cervidés et des oiseaux côtoyant de grands félins ; des girafes, des
phoques et des crocodiles se mêlant aux papillons, aux serpents et aux
aigles. Le tout prend une allure de véritable Jardin d’Eden, un lieu
rempli d’une végétation luxuriante, un lieu où tout est beau,
paisible et doux. Les quatre éléments se retrouvent dans cet ensemble
hétéroclite et varié. Ainsi, les cervidés représentent la terre,
les félins représentent le feu, les oiseaux sont le symbole du ciel
et enfin les phoques, qui appartiennent à l’eau. La présence
d’animaux préhistoriques, tels que les mammouths ou les macrauchenias,
éteints à l’heure actuelle, cré́e un pont entre le passé et le
présent, entre ce qui fut et ce qui est. Ils sont le symbole de la
continuité de la vie sur Terre.
Néanmoins, un côté plus sombre de la toile peut se dévoiler à nos
yeux. La cohabitation de tous ces êtres, en apparence si différents
les uns des autres, nous renvoie à nos propres actes et à la
destruction progressive de notre planète. La déforestation et le
pillage des richesses de la Terre poussent les animaux à se regrouper
et à vivre sur des territoires de plus en plus petits. N’ayant plus
assez de place ou de nourriture, ces derniers sont forcés à la
promiscuité. D’ailleurs, parmi les silhouettes, une femme pleure,
agenouillée près d’un zèbre, sa main posée sur le corps de ce
dernier. Elle semble s’excuser de ce que les Hommes font
subir à l’espèce animale et se recueillir, priant en silence. Quoi
qu’il en soit, l’atmosphère de cette scène est déchirante et comme
pour appuyer la situation tragique qu’ils subissent, les animaux nous
regardent droit dans les yeux, nous qui, impuissants, contemplons
silencieusement cette toile.
Au final, OtGO arrive à concilier dans son travail ce qui ne l’est pas
à l’heure actuelle. Il lie le vivant, peu importe les formes et les
couleurs. Il nous donne un aperçu, une vision éclatante de ce à quoi
peut ressembler le Paradis. Cette toile est bien une démonstration de
l’infini, du monde spirituel qui nous unit tous, qui nous fait naître
et retourner à la Terre à nouveau. Tout est Un. Voilà le message de
cette magnifique peinture. Nous faisons tous partie du Grand Tout.
Au-delà de notre enveloppe corporelle, nous sommes infiniment liés
par la vie.