À
côté de cela, la tension entre les êtres est palpable et leur proximité
semble forcée. Les animaux, par manque de place, doivent se rapprocher
des êtres humains et rester serré les uns contre les autres, dans un
espace minuscule. Les espèces se mélangent et les proies côtoient les
prédateurs. Tout est surchargé, il n’y a pas d’espace libre. Très
vite, un sentiment d’asphyxie nous envahit et nous ressentons alors de
la pitié pour ces petites créatures et leur vie qui ne leur
appartient plus dorénavant. Aucun arbre, aucune fleur ne vient donner
de la gaieté à ces toiles. Tour à tour, petits singes et
nouveau-nés, grimpent sur des tanks qui ont pris, tout comme les
avions, les rayures des zèbres pour se camoufler parmi les animaux.
Camouflage réussi, car ils ne sont perceptibles qu’après un examen
minutieux des toiles. Ces colosses d’acier tirent à l’aveugle dans une
foule d’êtres humains et d’animaux. Ils ne visent personne en
particulier, ils tirent, c’est tout. D’ailleurs, toutes les espèces
semblent piégées dans un quadrillage formé par les tirs. Peut-être
est- ce ici la représentation d’une tuerie aveugle et meurtrière dont
la logique et le bon sens ont disparu. Parfois, des nouveau-nés sont
aspirés dans les tanks. Ils viennent à peine de naître mais, sont
déjà morts, dévorés par la machine aveuglante du pouvoir.
Plus
le spectateur regarde les toiles et plus il ressent de la tension. Sans
utiliser de mots, les toiles d’Otgo s’accrochent à l’esprit du
spectateur et lui dévoilent une vérité déchirante qui retentit
comme un cri d’alarme au milieu de la sombre nuit. Elles réveillent
celui qui regarde. Plusieurs animaux, dont les tigres, n’hésitent pas
à plonger leur regard dans le nôtre. Ils se questionnent sur les
raisons de cette folie, ils cherchent des explications. Puis, semblent
demander de l’aide. Leur regard devient suppliant. Nous devenons alors,
nous les spectateurs, ceux qui voient, mais ne font rien. Nous sommes
des témoins silencieux ressentant la détresse de ce qui se passe
devant nous. Les mères singes essayent de sauver leurs petits, mais il
est évident que personne ne sera épargné. Finalement, nous devons
détourner les yeux, car le regard plaintif des êtres est devenu trop
dur à soutenir.